
En deuxième partie de soirée, Eric Nicol a proposé au public un hommage aux poètes chanteurs. Il a inauguré son récital avec un titre vibrant interprété sur bande son (que je ne connaissais pas) : « L’indien » (Vidalin / Bécaud) composé lors des dernières révoltes indiennes en 1972. Tout de suite, l’émotion est présente et palpable.
Comme pour le spectacle Reggiani vu l’année précédente, Eric Nicol habite littéralement ses chansons, il les vit, il les joue. Il est ensuite rejoint par ses musiciens (« Abbott et Costello / Eric et Ramzy / le beau-gosse et le pianiste 😉 ») et ils poursuivent le spectacle ensemble en en réunissant pour chaque titre une grande sensibilité et un beau sens de l’humour. Parmi les chansons que le public a pu entendre ce soir-là, on peut citer entre autres « Comme à Ostende » (Caussimon / Ferré), « Les Bonbons » interprétée de façon brillantissime : Nicol restitue à merveille l’opportunisme et l’obséquiosité présents dans la chanson. Il a ensuite mis à l’honneur « L’homme de la Mancha », un titre de la comédie musicale du même nom, beaucoup moins repris que le très célèbre « La Quête »), pour lequel il J-Sébastien Bressy / Sancho Pança lui donne la réplique : les deux artistes se livrent à un duo / canon plein d’émotion. Tout au long de son tour de chant, Nicol parle et reparle de ces « poètes incontournables qui apportent leur pierre à l’édifice ». Il n’oublie pas « les bâtisseurs » que sont aussi « ceux qui n’écrivent pas mais interprètent ». Il explique que pour lui, ces artistes ont été comme « une famille de substitution » et il poursuit : « La gloire a ses têtes ; elle choisit un peu au hasard et parfois le public passe à côté ». Il s’efface un petit moment pour laisser la place au vibrant « SDF » d’Allain Leprest interprété de façon magistrale par Jean-Sébastien Bressy.

Il est impossible de citer tous les titres interprétés car ils furent nombreux et variés ; mais on retiendra encore une fois toute l’émotion contenue dans l’interprétation d’Eric Nicol et de ses talentueux musiciens ; mais aussi cette incitation à aimer et honorer les poètes tant qu’ils sont vivants. Le public y a été très sensible et a fait un triomphe aux artistes en leur faisant une standing ovation à la fin du récital.
Quelques phrases que j’ai retenues :
« On se découvre humain dans l’humanité par l’art. Ne comptez pas sur la politique pour nous rassembler. Il n’y a que l’art qui nous rassemble » (Eric Nicol)
« Il faut aimer le mal que nous font les chansons » (Bernard Dimey)
« Tu vivras tant qu’on t’aimera » (Serge Reggiani)