
La première partie de soirée était assurée par Anne-Marie Brun, au chant, accompagnée de Jean-Sébastien Bressy (piano) et Jo Labita (accordéon). Anne-Marie a souhaité rendre hommage à Patachou et à Juliette Gréco et à travers elles, aux grands poètes de la chanson française. Elle a agrémenté son tour de chant de paroles appartenant aux artistes, retraçant ainsi le contexte musical de l’époque, les circonstances de l’écriture de la chanson.
Elle nous a donc parlé de la « découverte » de Brassens par Patachou en janvier 1952 (« Boîte à outil » / « Les amoureux des bancs publics ») quand cette dernière avait fait passer le sétois « de l’ombre à la lumière ». Patachou a d’ailleurs déclaré que les chansons de Brassens étaient des joyaux qu’il lui avait offerts et qu’elle avait portés toute sa vie. Anne-Marie a interprété également Charles Trenet (Patachou a été sa secrétaire) à travers un virevoltant « Ménilmontant », mais aussi « Pigalle » (Georges Ulmer) et « La bague à Jules » (A Sinavine / Jamblan).

L’hommage à Gréco s’est poursuivi de la même façon : la « naissance » de « La Javanaise » au terme « d’une nuit de folle gaîté » avec Gainsbourg. Jo Labita nous a gratifié d’un solo déchirant d’accordéon, subtilement accompagné du piano de Bressy. Cette valse lente et nostalgique a donné des frissons au public. Elle a ensuite interprété (entre autres) d’une façon à la fois coquine et prude un titre qui a été d’abord censuré puis qui a eu un grand succès (« Déshabillez-moi ») et nous a appris que cette chanson avait d’abord été destinée à une strip-teaseuse dont l’auteur (Robert Nyel) était amoureux. (Précision apportée par l’auteure de l’article après consultation d’internet : c’est Gréco qui a eu l’idée de rajouter, lors de l’enregistrement, la réplique finale (« Et vous, déshabillez-vous ») afin de « rendre la chanson moins salace »).

Avant de conclure le récital, Anne-Marie a proposé au public l’incontournable « Jolie Môme » écrit par Ferré, « Sous le ciel de Paris » puis a terminé par « Paris Canaille », le titre avec lequel Léo Ferré clôturait ses tours de chant et Brave Margot (repris avec le public). Elle a remercié ses fabuleux musiciens, les organisateurs du festival (Hélène et Maurice Bonnardel) pour leur « confiance et leur amitié » et le spectacle s’est terminé sous les applaudissements du public.
Petite phrase qui m’a bien plu : « Je dis les mots des autres parce que les mots des autres sont beaux et je fais tout ce que je peux pour qu’ils soient encore plus beaux » (Juliette Gréco)