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Ann O’aro trio, maloya passioné

Une voix de femme qui jaillit, lumineuse, ardente comme un fragment de roche en fusion. Avec son trio, la Réunionnaise Ann O’aro réinvente le genre musical emblématique de l’océan Indien et compose une musique dont les couleurs valsent du séga mauricien au blues écorché, en passant par les musiques des Balkans.

Celle qui est venue des arts martiaux avant de choisir le chant n’a de cesse, depuis, de poursuivre sa quête d’émancipation. Avec le tromboniste Teddy Dori et le percussionniste Bino Waro (fils de Daniel Waro), elle dénonce les tabous de son île, les violences sexistes, celles de l’esclavage et de l’addiction alcoolique, et déploie son chiant hypnotique sur une écriture sauvage, engagée. Son maloya vissé au corps, Ann O’aro est l’une des révélations de la nouvelle scène musicale de la Réunion. Une voix magnétique, capable d’assener ou de caresser comme le manifeste poétique de l’intime d’une jeune artiste, dont le chant plonge dans la réalité et ne craint pas les ombres.

Ann O’aro aime tout ce qui touche au mouvement du corps, des rythmes et de la voix

« Il s’agit du thème principal de mon premier disque : le corps dans tous ses états, entre violence et combats. Je viens des arts martiaux, avant de choisir le maloya pour chanter sur des sujets intimes et tabous. J’ai l’impression qu’il se dégage de mes chansons une énergie circulaire, comme lorsque tu te sers de la force de ton adversaire pour te défendre. J’avais la sensation de tourner, de circuler autour de ces états du corps pillé, déshumanisé. Le sentiment d’un moment figé, d’un état de choc, du cerveau qui n’enregistre plus rien. Tout, alors, se meut lentement. Par flashs. Je vois ces nuances dans mes textes : mots de folie qui dénoncent, d’autres qui se baladent dans les bas-fonds, d’autres qui respirent à la surface. »

Son écriture sauvage s’imprègne des langages accidentés ou des tics langagiers : une fulmination poétique branchée sur les tabous insulaires de l’île de la Réunion et les émotions fortes, la violence sexuelle, l’inceste et la passion amoureuse. Et le chant d’Ann O’aro jaillit. Un chant qui plonge dans la réalité et n’a pas peur des ombres.

Son premier enregistrement éponyme « Ann O’aro » est sorti en septembre 2018 et il a reçu un Coup de Cœur de l’Académie Charles Cros en 2019. Son second album “LON GOZ”, enregistré à la Réunion avec son trio (Teddy Doris au trombone, Bine Waro aux percussions), au mois de juillet dernier, est sorti le 16 octobre 2020.

Le trio a trouvé, au fil des tournées, un son singulier. Les couleurs musicales valsent du séga mauricien aux musiques des balkans, de la parodie zouk au jazz torride : le maloya de l’île de la Réunion respire hors des sentiers battus et lance le tempo créole des textes incisifs et radicaux d’une femme en lutte pour imposer sa parole,

Pour aller plus loin

Définition de la musique maloya : https://fr.wikipedia.org/wiki/Maloya

Article RFI : https://musique.rfi.fr/musique-monde/20201110-ann-oaro-reconquete-corps

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