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Djamel Djenidi et l’orchestre El Djamila

Dernier concert de la soirée organisée par l’équipe de « J’ai rendez-vous avec vous », celui proposé par Djamel Djenidi et l’orchestre El Djamila. Djamel n’est pas vraiment un inconnu dans le monde brassénien. Il en est même devenu un membre à part entière depuis qu’il a croisé le chemin de Pierre Schuller, un soir de 2012 à Mauguio, et enregistré son premier album, produit par l’association ADSA (Auprès De Son Arbre) : « De Sète à Alger », consacré au répertoire de Georges Brassens « joué et chanté dans le style «chaabi » ». Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et Djamel et son orchestre ont gravé une seconde galette en début d’année 2021 sobrement intitulée « Chansons de France et d’Algérie ».

J’avais déjà entendu parler de Djamel, mais c’était la première fois que j’assistais à un de ses concerts et j’avoue que je n’ai pas été déçue.

Lui et ses musiciens sont talentueux : la plupart d’entre eux se connaissent  depuis longtemps, ont plaisir à jouer ensemble ; et ça se voit ! Pour les citer : Djamel DJENIDI au chant et à la mandole, Pierre BERNON D’AMBROSIO  à la guitare, Massinissa KHICHANE à la darbouka – instrument qui joue un rôle essentiel et rythme les mélodies autant que la contrebasse –, Anne-Catherine LOGIEST au chant et à l’accordéon, Jacques PIBAROT à la contrebasse (A noter que cet instrument si cher à Brassens constitue la seule entorse aux codes de la musique chaabi).

DJAMEL DJENIDI , Saint-Clément-de-Rivière, 2021, crédit photo Sebastien CHOLIER

D’autres les ont rejoints plus récemment mais c’est comme s’ils étaient là depuis toujours : Siham BESSA au chant et Roberto SOUZA BANDEIRA DE MELLO  au tambourin.

Au programme de la soirée, on retrouve, bien sûr, les chansons de Brassens que l’on connaît ; mais les mélodies initiales se retrouvent embellies grâce aux arrangements de Pierre Bernon d’Ambrosio. Djamel a d’ailleurs des mots de reconnaissance envers son musicien lorsqu’il parle de lui en bénissant le jour de leur rencontre ; )

Si l’on doit citer certains morceaux, on peut mentionner « l’orage » dont l’intro à la guitare du même Pierre Bernon, est de toute beauté, L’adaptation des « Feuilles Mortes » provoque également des frissons, surtout grâce au mariage réussi des voix des deux choristes qui se complètent parfaitement. J’ai aussi beaucoup aimé la « balade des dames du temps jadis » qui parvient à « jumeler « des textes très anciens du Moyen Age avec la musique arabo-andalouse », selon les propos-mêmes de Djamel, toujours soucieux de bien expliquer les choses à son public Il est impossible de citer toutes les chansons chantées, mais je ne peux oublier de parler du « bulletin de notes », titre phare du deuxième album, dont le thème d’actualité (les migrants) ne peut laisser personne insensible ; ainsi que du fameux titre « Quizás quizás quizás », célèbre boléro cubain qui devient en chaâbi “Chehilet laayani” (La fille aux yeux clairs) et qui fera danser un grand nombre de personnes dans le public ! 

En définitive, ce que l’on peut retenir de cette soirée, c’est que le répertoire de Djamel est une synthèse originale et réussie de trois influences musicales : la chanson française, la musique arabo-andalouse et la chanson latino-américaine. On peut lire d’ailleurs, à ce sujet, sur le site d’ADSA : Djamel « propose aux publics arabophones de découvrir les mélodies et les textes de Georges Brassens, et aux francophones de succomber au charme exquis du chaabi algérien ».

Ce métissage est justement ce qui intéresse Djamel. C’est ce qu’il m’a dit lorsque je l’ai rencontré un peu avant le concert. Je retranscris de mémoire ses propos (je n’avais pas mon cahier sous la main et n’ai pu les écrire fidèlement) en espérant ne pas trop les déformer : « Ce qui m’intéresse au delà de chanter Brassens, c’est de fédérer, de rassembler le public. Je ne lui donne pas seulement du Brassens, pas seulement du chaabi, mais l’union entre ces deux styles de musique donne autre chose. C’est cette autre chose qui m’intéresse ; ce métissage qui ne ressemble plus vraiment à ce qu’on avait au départ ».

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