Le vendredi 12, en première partie de Myosotis Trio, nous accueillons un autre trio : le Trio Georges Band composé d’Yves Richard, pianiste et de Nicolas et Fabien (piano vibraphone saxo). C’est un concert instrumental et je suis très curieuse de voir ce que cela va donner. Ils commencent par « le cocu » avec une belle impro jazzy. Suivent le « 22 septembre », puis « les passantes ». puis un grand nombre de titres bien connus de GB. A chaque fois, il se passe quelque chose de singulier : ça finit par ressembler à du jazz ! C’est du jazz et on ne pense plus à la mélodie initiale, et soudain, brutalement, un air nous la rappelle et on se surprend à fredonner doucement les paroles pour soi.
Yves Richard est un très bon pianiste, bien sûr, mais ses comparses (Nicolas et Fabien) au vibraphone et au saxo) le sont tout autant. La prestation de Nicolas au vibraphone mérite le détour car on n’a pas souvent l’habitude de voir cet instrument sur scène, et Nicolas est un vrai virtuose. On a eu droit à des solos mémorables et étonnants.
Bien évidemment, les trois musiciens se complètent parfaitement et prennent du plaisir à jouer ensemble. Chacun prend en charge la mélodie à tour de rôle. Sur les « Les passantes », par exemple, quand le vibraphone est en avant, le piano calque ses accords sur lui ; puis prend le relais et le vibraphone diminue en intensité. Ils se « passent le relais ». Ensuite, le saxo intervient avec un solo doux et velouté. A la fin de la chanson, c’est le vibraphone qui revient « en avant « et cela finit de façon cyclique, comme cela a commencé. Le spectateur a l’impression de sortir d’une rêverie (comme une boîte à musique qui se referme).
Parmi les morceaux qui m’ont le plus plu : « les croquants » sur un air de valse ; une très belle impro au sax sur « le modeste » ; une marche nuptiale très langoureuse et très réussie, de très belles impro en 6 / 8 sur « la cane de Jeanne » (à certains moments, on ne savait plus de quel chanson il s’agissait) ; « Quatre vingt quinze fois sur cent » dans une ambiance très ragtime (on croirait qu’il s’agit d’un morceau de Scott Joplin). Le public est ravi et entre dans le « groove » ! A chaque début de morceau, Yves Richard fait une petite présentation, donne la date et le titre, mais à mon sens, ne parle pas assez du contenu jazzistique. C’est un peu dommage, car parfois il est évident mais parfois, on aimerait en savoir plus. Mais le plus important n’est pas là. Ce qui me semble essentiel c’est que ce concert a remis à l’honneur le talent de Brassens en tant que compositeur de musique. Ceux qui ne reconnaissaient pas ce talent chez lui étaient fréquemment qualifiés (par René Fallet ?) d’avoir des « oreilles de lavabo » ou encore plus d’être des « connards ». Grâce au concert de ce soir, le public de Saint Gély a parfaitement saisi que la musique de Georges était loin d’être monotone et que le poète était un vrai musicien !