);
Aller au contenu

Saint Gély, tout Contrebrassens

La salle est pleine à craquer et les dernières personnes ont du mal à s’installer tant il y a du monde. Un membre de la sécurité nous prévient qu’il ne sera pas possible de prendre des photos, ni de filmer. Le spectacle sera donc uniquement réservé à ceux qui sont venus l’écouter et le regarder. Cela sera donc d’autant plus précieux et il faudra profiter de chaque instant.

Pauline Dupuy

Cette intimité, Pauline et ses musiciens l’installent immédiatement : bien sûr, il y a la musique, bien sûr, il y a les musiciens sur scène et les paroles des chansons ; mais dans un spectacle de Contrebrassens, il y a aussi tout le reste. Quand elle nous murmure « bonsoir » au début du spectacle et qu’elle commence à chanter « Embrasse-les tous », Pauline apparaît, seule avec son archet, en ombre chinoise. Le public est suspendu à ses lèvres et à sa contrebasse aussi ; chacun a l’impression d’être seul(e) dans la salle. C’est comme un cadeau que l’on reçoit et je comprends complètement que les photos soient interdites car cela troublerait cette harmonie et cette atmosphère de confidence.

« Les chansons de Brassens » habillées par « une voix de femme » 

Pauline nous présente le projet « Contrebrassens » : « les chansons de Brassens » habillées par « une voix de femme » ; « ce sera la mienne ». Elle évoque « les deux premiers cuivres du festival » (là, je cite les paroles de Laurent Guernault, lors de sa présentation) : Franck Boyron au trombone et Aurélien Joly, à la trompette. Elle termine en présentant « le très spécial Michael Wookey », ses percussions si particulières et ses instruments « miniature ».  Elle explique également que « chanter, c’est déjà quelque chose ; choisir les chansons, c’est une autre paire de manche ». « J’ai choisi de rassembler des chansons au sujet d’un thème qui me semblait familier : les femmes et le couple ».

CONTREBRASSENS , St Gély du Fesc, 2023, crédit photo Sebastien CHOLIER

La chanson qui me procure la plus grande émotion est « La non-demande en mariage »

Quand elle parle, Pauline est en pleine lumière ; quand elle chante, l’éclairage est plus tamisé. « L’habillage lumineux » est très travaillé, réglé au millimètre (un grand bravo au régisseur et aux techniciens) et fait partie intégrante du spectacle. Les titres s’enchaînent.

Sur « Le Père Noël et la petite fille », Michael Wookey s’accompagne d’un tout petit piano (que j’ai déjà vu sur un spectacle de Leïla Huissoud) et tout en étant à genoux, fait passer une chaîne d’une main à l’autre. Cette percussion originale produit un superbe effet. Lorsqu’elle interprète « Une jolie fleur », Pauline danse autour de sa contrebasse.

La chanson qui me procure la plus grande émotion est « La non-demande en mariage ». Pauline est seule avec sa contrebasse. L’accompagnement est ténu, presque inexistant. Derrière, Michael Wookey chante en écho avec un son amplifié un peu « robotisé ». C’est un moment très fort. Que va-t-elle pouvoir chanter après ça ? Comment va-t-elle pouvoir enchaîner ? Quand elle termine la chanson, Pauline quitte la scène et d’une certaine façon, tant mieux car il fallait une coupure pour que le public « se remette » d’une telle intensité.

Pauline Dupuy
Michael Wookey

Pour terminer ce florilège, on pourra mentionner une version instrumentale des « Passantes » ; une version scandée du « Cocu » (à ce moment, Pauline est revenue sur scène et nous rappelle à quel point Brassens était un fabuliste). Sur « L’orage » interprétée de façon très jazzy et sur un rythme un peu chaloupé, l’éclairage se focalise sur Pauline tandis que ses musiciens restent dans l’ombre.

Le spectacle se termine (entre autres) par « un vibrant hommage à l’humain » avec une version de « Don Juan » très réussie ; par une joyeuse version de « Si seulement, elle était jolie » (très beau solo de trombone).

A la fin du récital, évidemment, le public en redemande et sera doublement récompensé :  tout d’abord avec une surprenante interprétation de « Bad reputation » in english, of course by Michael Wookey himself ; puis par les mots de Louis Aragon : « Il n’y a pas d’amour heureux ». Quand les lumières se rallument, j’ai l’impression que le spectacle a duré des heures et en même temps qu’il est passé en un clin d’œil. Le public avait bien besoin de tous ses sens pour profiter, pour voir, pour écouter et pour ressentir !

1 commentaire pour “Saint Gély, tout Contrebrassens”

  1. SANCHEZ-HORCAJUELO J-Louis

    Merci et Bravo Claire pour ce beau texte aussi beau que cette soirée là, que ce festival 2023. Tu as su décrire exactement les émotions que j’ai, certainement nous avons ressenti ce soir là. Bravo à Sébastien pour , toujours, ses photos magnifiques. Merci pour nos deux soirées resto, tous les trois. Nous aurions tellement aimé être cinq , comme
    dab ….. Souad et Pierre nous ont cruellement manqués, tellement que vu le plaisir de ces trois jours, plus aurait été peut-être péché. Mais ne sommes nous pas de pauvres pêcheurs ? Vivement que nous soyons à nouveau réunis au complet bientôt !
    ¡ Ojalá ! Bises très amicales vous deux .
    Jean-Louis

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *